Berlin ou la ville des contrastes 2/2

Pour rappel, la première partie est là

3eme jour – Retour dans l’histoire et pause en bord de Spree

Pour ce troisième jour, nous essayons de ralentir un peu le rythme afin de ménager les enfants qui ont beaucoup marché ces derniers temps (et oui, Berlin c’est grand..). Nous nous concentrons donc sur les visites à proximité de notre hôtel, en commençant par la ruine de l’Anhalter Bahnhof. Actuellement c’est un simple arrêt de S-Bahn, mais avant c’était aussi l’ancienne gare « Grande Ligne » de Berlin ainsi que la gare gouvernementale du 3eme Reich. Elle fut donc copieusement bombardée et seule en subsiste, pour mémoire, la façade et l’abri anti-aérien. Ce dernier héberge maintenant un musée qui chercher à retracer et comprendre ce qui a rendu possible l’accession d’Hitler au pouvoir. Un musée que nous ne parviendront hélas pas à visiter (3 min de retard.. apparemment ça ne pardonne pas).

Ce qui reste de l’Anhalter Banhof

A proximité se trouve également la « Topographie de la Terreur« . Ce nom un peu étrange désigne l’ensemble du quartier qui accueillait l’appareil répressif du régime nazi (sécurité d’état, Gestapo etc etc..). Il s’agit d’un endroit de sinistre mémoire dont les Berlinois ont eux même initié les fouilles. Cette installation présente les traces de tout cela, que ce soit dans un musée nouvellement construit, ou dans certaines ruines, laissées en l’état, des bâtiments d’époques. L’ensemble peut sembler un peu aride pour le touriste, mais permet rapidement de comprendre que le mot terreur n’est pas usurpé: c’est bien par la peur que le régime nazi se maintenait au pouvoir. Pour qui en a le temps et s’intéresse à cette partie de l’histoire, il y a là de quoi occuper une après midi. 

Cinq minutes de marche plus tard, nous arrivons en pleine guerre froide: nous sommes à Checkpoint Charlie. C’était alors le seul point de passage « officiel » entre Berlin Ouest et Berlin Est. C’était également là que les chars soviétiques et américains se sont fait face, en 1961, à 30 mètres les uns des autres.

De nos jours, l’endroit souffre d’une vraie surexploitation touristique, entre musée-pipeau et vendeur de souvenirs à gogo mais la force du lieu reste. Il n’est pas nécessaire de passer plus de 10 minutes à Checkpoint-Charlie. Mais l’endroit mérite vraiment qu’on lui consacre ces 10 minutes  pour réaliser à quel point la paix n’a parfois pu tenir qu’à un fil.

Checkpoint Charlie – depuis l’ancien secteur américain

Pour le déjeuner, retour le long de la Spree, à Holzmarkt. Situé près de la East Side Gallery, Holzmarkt est un lieu porté par un ensemble de petits commerçants voulant faire survivre une petite oasis faite de bric et de broc coincée dans la ville. On y trouve bar, pizzeria, café, restaurant, jeux pour enfants et salle de concert, le tout fait de matériel de récupérations joliment agencé. L’endroit idéal, qu’on ne peut trouver qu’à Berlin, pour se relaxer avec une bière face à la Spree (voir avec les pieds dans la Spree).  Et c’est d’ailleurs ce qu’on fait, à l’ombre des saules, pendant que les enfants jouent. Si bien que l’on y passera un bon bout de l’après midi. 

Sur le chemin du retour, nous en profitons pour tester la ligne de S-Bahn circulaire, et voir Templehof. Cet ancien aéroport historique a été rendu célèbre par le pont aérien de 1948 qui a permis de contourner le blocus de Berlin. Depuis sa fermeture, il a été transformé en un gigantesque parc dans lequel les installations aéroportuaires sont restées en l’état. Quiconque a déjà rêvé de faire un sprint sur une piste d’atterrissage trouvera donc son bonheur à Templehof.

Et pour finir, retour à Kreuzberg pour déguster en principe le « meilleur Kebab de Berlin ».  J’avoue qu’en découvrant en fait un vrai restaurant avec une assiette kebab à 18€ et rien d’adapté aux enfants, nous avons tourné les talons. Peut être avons nous raté une belle expérience, qui sait..

Nous avons donc opté pour un kebab tout à fait quelconque et fait découvrir le Spezi aux enfants (un mélange Coca – Fanta, et oui ça n’a pas l’air mais c’est plutôt bon). Ensuite, c’est l’occasion d’une seconde balade dans Kreuzberg. Nous partons à la recherche d’œuvres de Street Art, ce qui nous permettra notamment de tomber sur le cosmonaute de Ash ou le fameux Pink Man de Blu.. des œuvres qui datent tout de même de 2007 et en péril en ce qui concerne celle de Blu, l’immeuble qui la supporte étant en quasi démolition.

L’heure tardive nous permet de profiter enfin d’un peu de fraicheur nocturne. Le Kreuzberg « By Night » c’est cette ambiance un peu « spéciale », un peu destroy, encore accentuée par l’obsurité car l’eclairage urbain est réduit (la ville de Berlin fait des économie d’électricité). Mais malgré cela nous sommes tout à fait serein, sans aucune impression d’insécurité.

4eme et Dernier jour Mémorial de l’Holocauste, Mitte et départ

Comme nous quittons Berlin avec le train de nuit pour Malmö et Stockholm de 20h58, nous avons encore toute une journée à Berlin (après avoir laissé les bagages en garde à l’hôtel bien sur).

La journée débute, toujours sous la chaleur, avec le mémorial de l’holocauste. D’apparence assez anodine, la gravité et la profondeur (au sens propre) de ce lieu se dévoile en pénétrant le monument. Les dalles de béton qui le composent sont, au départ, basses et évoquent clairement des pierres tombales, très austères.

Mémorial de l’holocauste – 1er contact

Mais au fur et à mesure que le visiteur avance, il s’enfonce sous terre alors que les dalles prennent progressivement de la hauteur, au point de finir par le dominer de de 5 à 6 mètres. L’on en ressent une sensation de poids, de pesanteur et de gravité difficilement descriptible, tout à fait en phase avec la gravité du sujet que le monument commémore. En dessous se trouve le musée de l’holocauste, hélas fermé ce Lundi 15 août.

La chaleur étant toujours écrasante nous nous réfugions à l’ombre des forêts du Tiergarten. Et les enfants seront servis au delà de leurs espérances: l’arrosage automatique étant encore en marche, ils prennent une vraie douche.

Nous quittons le Tiergarten en passant par la Philarmonie de Berlin puis la Neue National Galerie. Bien évidemment le musée est également fermé mais l’esplanade et le bâtiment en lui-même méritent le détour.

En bus, nous rejoignons ensuite Nikolaiviertel, vieux quartier historique du centre de Berlin, largement détruit pendant la guerre puis reconstruit par la RDA à l’identique de ce qu’il était avant guerre. Malgré une reconstruction un peu « béton » c’est un petit quartier assez intime, et extrêmement agréable que nous découvrons alors autour de l’église Nikolaikirche. Nous profitons de la fraîcheur des arcades et du bord de Spree pour déguster un Apfelstrüdel puis pour baguenauder, sous le charme de ce quartier.

Quartier Nikolasvertiel

Mais le temps passe et l’heure d’organiser le départ arrive. Et c’est sous un orage monumental, qui éclate alors que nous faisons quelques course à Postdamer Platz, qu’il nous faut récupérer les bagages et rejoindre l’Hauptbahnhof. C’est d’ailleurs là que l’on se rend compte que nos coupe-vent ultra légers sont finalement trop légers. A la gare, avant de monter dans le train ce sera donc opération ravitaillement chez Decathlon (il y en a un dans la gare) pour se rééquiper, puis au food-court pour se restaurer avant d’embarquer pour la suède !

Alors Berlin ?

Et bien Patricia et moi n’avons pas le même ressenti.

En ce qui me concerne je n’étais plus retourné à Berlin depuis 2012. Et si les grands classiques sont toujours là j’ai quand même l’impression que la ville a bien changé. Elle est devenue une vrai destination touristique, à la fois pour son architecture et son histoire, mais également pour son coté alternatif. Des musées ont été construits, des bâtiments majeurs ont été restaurés, le patrimoine culturel de la ville est très riche, et gagne encore à être connu. Personnellement la prochaine fois que je vais à Berlin je veux assister à un concert au Philarmoniker et visiter la Neue Gallerie pour de bon. Mais le Berlin alternatif, pas cher, pas forcément commerçant, auto-démerdant et poussant parfois un mode de vie différent, où l’on pouvait par exemple ouvrir un bar accueillant dans une carcasse de vieux bus échoué sur un terrain vague, me semble moins d’actualité. Bien sur avec les enfants on a pas trop testé le Berlin « By Night » – il faudra qu’on revienne – et Berlin continue d’offrir des choses uniques mais ce n’est plus le Berlin un peu fou des années 2000 – 2010. Les faibles prix du logement à cette époque, par exemple, avaient attiré à Berlin nombre de créatifs et aventuriers qui ont beaucoup contribué à l’ambiance particulière de cette ville. Mais ils ne sont plus vraiment d’actualité, il est donc logique que l’ambiance s’en ressente. Quoiqu’il en soit, sincèrement je pense qu’il y aurait de quoi passer 15 jours à explorer Berlin sans souci.

Et si je passe le clavier à Patricia : Cette ville me laisse un sentiment partagé. Un sentiment de ne pas avoir tout vu et pour autant d’être passé à côté de certains symboles historiques. Cependant, je ne ressens pas l’ envie d’aller plus loin dans cette découverte.

Berlin ? On y va bien sur !

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